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dimanche 30 mai 2010

La Chute de Constantinople : Déroulement de la bataille

L'assaut ottoman


Une section reconstituée du mur de Théodose.

Le lendemain, l’armée turque commence le pilonnage du mur de Théodose. Un des canons détruit une tour à proximité de la porte Saint-Romain. Il deviendra célèbre car en explosant quelques jours plus tard, il provoquera la mort de son constructeur. Le feu de l'artillerie dure plusieurs jours jusqu'à l'assaut final.


Manuscrit français dépeignant le siège.

Dans le même temps, les Turcs cherchent à combler le fossé devant la ville avec tous les moyens disponibles. De leur côté, les assiégés essayent tant bien que mal de réparer les murs, tandis que les Turcs tentent de les détruire avec des mines auxquels répondent des contre-mines génoises qui pulvérisent du feu grégeois sur les Turcs. Puis le 18 avril, Mehmet II ordonne un assaut des fantassins de nuit qui sont repoussés une nouvelle fois grâce au feu grégeois.

Les combats se déroulent aussi sur l’eau, dès le début du siège les Turcs avaient pris le contrôle des postes avancés de Constantinople. Le 19 avril, la flotte turque tente l'attaque de la chaîne qui barre la Corne d'Or mais elle est repoussée par le mégaduc Lucas Notaras.


Tableau de 1499 dépeignant le siège de Constantinople.

Le soir du 20 avril, une flotte de trois navires envoyés par le pape Nicolas V avec vivres et munitions parvient à forcer le blocus maritime malgré l'intervention de Mehmet II qui ordonna à son amiral de les détruire. Devant l'échec de cette action Baltoglou est roué de coup par le sultan. Cette aide providentielle leur sera très utile, mais insuffisante. Les tergiversations de Venise à envoyer 15 bateaux en renfort font que ces bateaux partent trop tard et arrivent à un moment assez avancé du siège ; Constantinople ne peut donc pas bénéficier de cette aide.

Le 22 au matin, une flotte d'une vingtaine de navires turcs mouille dans la Corne d'Or. Les Constantinopolitains sont consternés car le passage vers ce havre naturel, situé à l'est de la ville, est commandé par une lourde chaîne dont les Byzantins ont encore le contrôle. Mehmet II, se rappelant une ancienne stratégie russe du Xe siècle, a fait hisser les navires sur terre par des centaines de bœufs durant la nuit de la rive de Top Hané jusqu'à Péra, sur environ 1300 mètres. Pour les assiégés l'effet sur le moral est terrible, en effet le mur maritime n'est que très peu protégé (1 homme pour 2 ou 3 créneaux) et les défenseurs sont obligés d'amener des hommes d'autres secteurs ce qui bien sûr les dégarnit.

Mais les navires envoyés par le sultan n'ont pas l'effet escompté ; en effet, ils sont en quelque sorte prisonniers dans la Corne d'Or et n'ont aucune liberté d'action. Quelques navires vénitiens venant de Trébizonde et dirigés par Jacopo Cocco tentent d'aller incendier ces navires. L'opération aurait pu réussir si les Génois de Galata n'avaient pas transmis l'information au sultan qui s'empresse de détruire les navires incendiaires.

Peu à peu les défenseurs faiblissent et Génois et Vénitiens se querellent. Le 23 avril, Constantin XI tente d'offrir la paix moyennant le paiement d'un tribut mais Mehmet II répond : « Je prendrai la ville, ou elle me prendra mort ou vif ». Le sultan impatient lance plusieurs attaques à travers les brèches de la muraille, notamment entre la Porte de Caligaria et la Porte d'Andrinople les 7 et 12 mai, mais l'infanterie turque est repoussée héroïquement par les défenseurs conduits par Constantin XI lui-même.

Le 16 mai, la marine turque tente une nouvelle fois l'attaque de la chaîne mais elle est repoussée par Trévisano ; au même moment le sultan envoie une partie de sa flotte miner la porte de Caligaria, mais Notaras les en empêche. Deux jours après, l'attaque est lancée au moyen d'une tour roulante (hélépole) qui est avancée au-devant des murailles mais l'engin est incendié après 24 heures de combat avant que les Turcs ne prennent pieds sur les murs. De nouveau, le 21, une attaque est menée au-devant de la chaîne mais elle résiste.

L'assaut final


Constantin XI.

Après 40 jours de combats intenses, trois brèches ont été réalisées : une entre Tekfour-Seraï et la porte d'Andrinople à la porte Caligaria, une autre brèche du côté de la porte Saint-Romain et la dernière à la porte de Selymbria. Le travail des défenseurs est de combler ces brèches avec tous les moyens disponibles. Mais la longueur du siège n'est pas pour plaire au sultan d'autant plus que le moral de ses troupes a baissé notamment à cause d'une rumeur de gigantesque croisade en Occident. Mehmet II tente de se faire livrer la ville par capitulation, offrant au basileus la Morée et en cas de refus le massacre des Constantinopolitains, mais Constantin XI répond que lui et ses hommes préfèrent mourir plutôt que de livrer la ville. Néanmoins les assiégés sont dans une situation catastrophique, pendant que les Turcs reçoivent des renforts, les Grecs désespèrent et les relations entre les défenseurs sont mauvaises : Constantin XI a par exemple beaucoup de mal à réconcilier Notaras et Giustiniani dont les relations se sont envenimées. Le 3 mai, un bateau est envoyé dans la mer Égée pour avoir des nouvelles de la flotte vénitienne, mais revient le 23 mai sans aucune nouvelle des Vénitiens. Les défenseurs comprennent donc qu'ils n'ont plus aucune chance de secours et qu'ils doivent s'apprêter au dernier sacrifice.

L'assaut final est lancé dans la nuit du lundi 28 au mardi 29 mai 1453, à une heure trente du matin environ. Il porte sur les trois côtés du triangle que forme la ville, mais ne fut vraiment intense qu'en face des murs terrestres entre Tekfour Sérai et la porte Saint-Romain. La première vague d'assaut, composée d'irréguliers, de bachibouzouks, la plupart chrétiens, s'avance lentement portant des échelles, et essaye de franchir le fossé : accablée de projectiles, elle recule après deux heures de combat. La deuxième vague lui succède ; elle consiste en contingents d'Anatolie, disciplinés et bien armés ; ils attaquent la brèche et commencent l'escalade mais sont repoussés à leur tour. C'est en vain qu'on les ramène au combat après que le gros canon eut tiré contre la brèche. Alors Mehmet II exaspéré fait donner sa réserve. Le jour se lève, les défenseurs sont épuisés quand les janissaires, en poussant des cris terribles s'élancent contre la brèche, tandis que les cloches et les simandres retentissent dans toute la ville, et que l'attaque se concentre autour de la porte Saint Romain.

C'est à ce moment que Giustiniani reçoit une blessure au sternum et se retire du combat, toujours plus furieux après son départ. En effet, paniqués par le départ du meilleur capitaine au service de la cité, la majorité des Italiens présents prennent la fuite et s'engouffrent dans la porte que l'empereur a ouverte pour Giustiniani. Les assiégés restants se résignent à se replier derrière le mur intérieur, globalement en bon état, lorsqu'ils voient tout à coup l'étendard du sultan flotter dans la ville. Les Turcs ont pu y pénétrer par la Cercoporta, une poterne située non loin de la porte d'Andrinople, à l'endroit où le mur théodosien se soude à l'enceinte d'Héraclius. Les défenseurs de la porte Saint Romain pensent que la ville est investie, et ils refluent en masse, cherchant à sauver leurs familles, et sont littéralement submergés par le flot des Turcs qui leur emboîtent le pas à la porte Saint-Romain. C'est alors que Constantin XI, sur l'exemple de son cousin Théophile Paléologues, suivi de deux fidèles (un soldat du nom de Jean Dalmata et Don Francesco de Tolède, revendiquant une ascendance Comnène), s'élance dans la mêlée et est tué[3].

Quelques citoyens, vénitiens et génois surtout, parviennent à s'échapper dans des navires bondés de rescapés. Du basileus Constantin XI Paléologue, on ne retrouve que les insignes impériaux et un corps que plusieurs soldats, y compris turcs, reconnaissent être celui de l'empereur. La légende entretient ainsi l'image d'un souverain ayant combattu jusqu’aux dernières heures de Byzance, et mort l'épée à la main.

Capture de la ville


Hagia Sophia, ou Sainte Sophie.

Cependant, les troupes ottomanes envahissent Constantinople. Puisque ses occupants ne s'étaient pas rendus, conformément à la tradition islamique en vigueur depuis le calife Omar et comme promis par le sultan à ses soldats, la ville est mise en sac durant trois jours. Les douze premières heures sont terribles : les Ottomans massacrent tous ceux qu'ils trouvent dans les quartiers à proximité des remparts. Les janissaires, corps d'élite plus clairvoyant, se ruent en premier sur la richissime cathédrale Sainte Sophie et y trouvent une foule de réfugiés, toutes couches sociales confondues, qui sont immédiatement réduits en esclavage ou massacrés. Le reste de la ville subit le même sort, une fois la fureur des premières heures passée. Au matin du troisième jour, le sultan pénètre dans Sainte Sophie, l'imam monte dans la chaire du patriarche, déclare qu'il n'y a de plus grand dieu que Dieu, puis la fin du sac est décrétée

Sur le marché aux esclaves, la plupart des grands aristocrates byzantins sont reconnus et rachetés par le sultan. Il donne aux dames nobles de quoi commencer une nouvelle vie. Le sultan envoie en cadeaux 500 enfants de Constantinople aux rois de Grenade et de Tunis et au calife d'Égypte. Peu après, au fur et à mesure que la nouvelle de la prise de la ville se répand, une série d'ambassades des quatre coins de la Méditerranée se présente pour s'assurer du retour à la paix du sultan. Concernant les vaincus, le sultan leur accorde un statut comparable aux autres minorités ethniques, à savoir la liberté de culte, sauf l'interdiction de sonner les cloches, et une relative autonomie administrative, contre paiement d'un impôt spécial, la capitation.

Bilan


Mehmet II, dit le « Conquérant » à la suite de sa victoire.

La chute de Constantinople en 1453 est un moment clé de l'histoire. Cette date est même considérée pour certains comme marquant la fin du Moyen Âge (au lieu de 1492). En effet, la disparition de l'empire byzantin marque le début d'une nouvelle ère. Malgré le désintérêt de l'Occident pour l'État de Constantinople, sa chute le déstabilise. L'empire byzantin avait depuis sa création été un rempart aux invasions arabes, protégeant ainsi la plus grande part de l'Europe chrétienne. Cet empire était continuellement sur la défensive ; il a résisté pendant plus de dix siècles à l'assaut de multiples peuples et sa capitale eut à subir près de trente sièges. Constantinople avait pendant des siècles été une des villes les plus riches et la plus peuplée au monde. L'empire byzantin avait perpétué l'héritage gréco-romain occidental, qui en Europe avait périclité depuis les invasions barbares et n'y subsistait plus que dans quelques monastères. La capitale de cet empire était par ailleurs située à une position stratégique de première importance entre l'Orient et l'Occident, l'Asie et l'Europe. Beaucoup de routes de commerce y convergeaient

L'empire avait été affaibli par les guerres et la prise de Constantinople par les Latins ; les croisés ne purent pour autant s'installer durablement en Orient. L'empire s'était relevé sous l'impulsion des Comnène et des Paléologue, mais Gênes et Venise, s'attribuant quelques points stratégiques de l'Empire, lui ravirent une part de sa richesse résiduelle. Les Génois de Galata, par exemple, attirant les bateaux du monde entier, leur ont fait déserter le port de Constantinople. Les guerres entre les deux puissances maritimes avaient asséché le trésor de l'Empire. Les Turcs ne firent plus que sa conquête territoriale, parachevant son déclin commercial.

La chute de Constantinople correspond cependant à un réveil de la culture grecque en Occident : tous les savants grecs après la chute du dernier État grec qu'était Trébizonde se réfugient en Italie où ils apportent le reste de leur bibliothèque et leur savoir. Ce mouvement conduit à la Renaissance, qui parachève la redécouverte d'Aristote par les érudits du Moyen-Âge, dont Roger Bacon, Albert le Grand et Thomas d'Aquin au cours des deux siècles précédents.

Chute de Constantinople : État de l'empire byzantin en 1453

La chute de Constantinople a lieu le 29 mai 1453 et marque la fin de l’empire byzantin, ainsi qu'une nouvelle ère d'expansion pour l’empire ottoman. Elle fait suite aux tentatives ottomanes infructueuses de 1391-1392, 1394-1402 et 1422.

Les historiens considèrent parfois que cette date marque aussi la fin du Moyen Âge et le début de la Renaissance.


État de l'empire byzantin en 1453


En 1453, l’empire byzantin est réduit à la portion congrue. Les Paléologues n’exercent plus le pouvoir qu'autour de Constantinople et sur une partie du Péloponnèse. Les Byzantins ne contrôlent plus les voies commerciales entre l'Occident et l'Extrême-Orient qui avaient contribué à leur enrichissement. Les concessions commerciales accordées aux Vénitiens et aux Génois se sont notablement accrues au fil des siècles, les caisses sont de fait vides.

La ville avait déjà été encerclée par les forces turques en 1391-1392 et 1394-1402, mais devant l'obligation de combattre les turcos-mongols à l'est, les Turcs laissèrent la ville sauve. Les années qui suivent constituèrent une période de calme relatif pour Constantinople, les Ottomans étant occupés par des querelles dynastiques. Cette accalmie n'est pas mise à profit pour renforcer l’Empire. Les rivalités théologiques entre les églises d'Orient et d’Occident empêchent l’acheminement d'aide aux Byzantins, et la méfiance envers les occidentaux est grande suite au sac de la ville lors de la quatrième croisade en 1204. Lucas Notaras, dernier grand amiral de la flotte byzantine, aurait dit : « Plutôt le turban que le chapeau de cardinal ».

En 1422, Murad II, ayant mis fin aux querelles dynastiques, assiège Constantinople, impliquée dans les intrigues de la cour ottomane. Il pille les possessions byzantines du Péloponnèse. Le sultan négocie néanmoins un traité de paix et le versement d'un tribut avec Jean VIII Paléologue afin de retourner mater une révolte en Anatolie.

En 1430, les forces turques prennent et mettent à sac Thessalonique et réduisent la population en esclavage. La menace ottomane se fait de plus en plus pressante et le basileus Jean VIII Paléologue est décidé à trouver un accord avec l'église d'Occident. Aussi, en 1438, il prend la mer pour l'Italie en emmenant avec lui des théologiens et des évêques (ils sont près de 700 à avoir fait le voyage). Les deux églises se réunissent aux conciles de Ferrare et de Florence. Un accord est trouvé entre les églises latine et orthodoxe en 1439.

En 1440, les Turcs sont repoussés devant Belgrade et le pape en conçoit de grands espoirs. Il prêche donc pour une nouvelle croisade. Celle-ci est commandée par Vladislas, roi de Pologne et de Hongrie. En 1444, les croisés sont mis en déroute à la bataille de Varna, Vladislas est tué.

En 1448, une nouvelle bataille a lieu à Kossovo Polié ; les Turcs, grâce à des forces quatre fois plus nombreuses, remportent la victoire sur les troupes hongroises de Jean Hunyadi. C'est la dernière tentative pour aider l'Empire byzantin agonisant.

En 1451, Mehmed II accède au pouvoir et, sitôt sur le trône, prépare le siège de Constantinople. La même année, le sultan, désireux d'enlever toutes chances de secours à Constantinople, signe un traité avec Venise (10 septembre), puis avec Jean Hunyadi (20 novembre). Constantinople, abandonnée par ses alliés, se retrouve seule face à la très forte organisation militaire turque. En 1452, Mehmed fait bâtir la forteresse de Rumeli Hisarı pour bloquer l'entrée du Bosphore aux Chrétiens. Plus rien ne s'oppose à ce que les Turcs conquièrent la ville.

Prélude


Le canon des Dardanelles sur la base du canon qui a été utilisé par les assiégeants ottomans à Constantinople en 1453. Il appartient aujourd'hui à la collection britannique d'armements


Depuis son accession au trône, Mehmet II prépare l'attaque contre Constantinople. Devant la réputation de solidité des murs de la ville, il fait spécialement construire des canons par un ingénieur hongrois, Urbain. Les Byzantins n'ayant pas pu s’offrir ses services, il était donc allé les proposer aux Turcs. Le sultan met à la disposition d’Urbain tous les moyens nécessaires afin de fondre des canons de fort calibre. Il en fondra un dont les dimensions sont formidables pour l'époque, au tout début de l’artillerie. Son tube avait une longueur de 7,80 m et il pouvait tirer des boulets d'une masse de 544 kg, mais à raison de seulement sept tirs par jour.

De son côté Constantinople tente désespérément d'exhorter l'amiral vénitien Gabriel Trévisano, qui avait amené le légat du pape pour la proclamation de l'Union, à rester à Constantinople. Mais le Vénitien refuse et s'en va avec ses galères au grand dam de Constantin XI. Cependant, le 28 janvier 1453 le Génois Giovanni Giustiniani, ancien podestat de Caffa, arrive avec deux navires, 700 hommes et un spécialiste des ouvrages militaires, John Grant[1]. Il est reçu très chaleureusement par le basileus (nom donné à l'empereur byzantin). Les habitants de la cité de Péra, eux, refusent d'aider officiellement la capitale de l'empire byzantin car ils sont en paix avec le sultan, officieusement toutefois, nombre de résidants n'hésitent pas à prêter main forte à l'empereur et des marchandises sont échangées régulièrement jusqu'à la perte du contrôle de la Corne d'Or par les Byzantins.


Les Turcs sous les murailles de Constantinople

Ainsi, Phrantzès, qui est le secrétaire particulier des empereurs depuis le début du XVe siècle, ne compte en tout et pour tout que 4973 hommes y compris les volontaires ainsi que 1000 ou 2000 étrangers (les historiens divergent sur ~5000 hommes), ce qui est bien sûr très insuffisant.

L'armement en possession des défenseurs est médiocre. Ils combattent tous à l'arme blanche et l'artillerie consiste en de petits canons de fer. La marine, elle, est constituée de 7 à 8 navires situés le long de la chaîne de la Corne d'Or. L'empereur a un mal énorme pour recueillir assez d'argent pour payer les troupes et doit en demander à l'Église. Entre les 5000 à 7000 hommes, pour la plupart volontaires et n'ayant aucune expérience au combat, et les troupes que le sultan avait demandées à tous ses vassaux (env. 270000 hommes), la disproportion est énorme. Enfin la flotte qu'a levée Mehmet II s'avère la plus puissante qui ait jamais été rassemblée par l'Empire ottoman. Elle est constituée de trois cents navires commandés par le Bulgare Baltoglou[2] et est positionnée à Péra.

C'est dans ces conditions que s'apprête à se dérouler le trentième et dernier siège de Constantinople.

Après deux ans de préparatifs, Mehmet II est prêt et part d’Edirne le 23 mars 1453, il arrive sous les murs de la ville le 5 avril, précédé par son armée.

Les Turcs sont positionnés en face de la ville, du quartier des Blachernes jusqu'à la Propontide. Constantin XI a organisé la défense de la ville en 14 secteurs, Giustiniani avec 400 chevaliers doit garder la Porte Saint-Romain, la plus exposée à l'attaque des Turcs. Les Grecs ont bien tenté une sortie pour gêner les préparatifs des Turcs, mais c'est un échec cuisant

Constantinople : Monuments

Monuments et constructions de l'époque byzantine et antérieurs



Constantin dote la ville de nombreux bâtiments, la plupart pour répondre aux besoins administratifs et politiques de la nouvelle capitale.

  • Le Grand Palais, le palais impérial, lieu de résidence officiel des empereurs jusqu'en 1204.
  • Augustéon : place centrale de la ville, entre Sainte-Sophie et l'ensemble sacré du palais impérial
  • Sénat en marbre blanc avec une coupole
  • Hippodrome : inauguré par Constantin en 330, il pouvait accueillir de 30 à 50 000 spectateurs. Il attirait beaucoup lors des fêtes, anniversaires, victoires de l'empereur. On y assistait à des courses de chars, des jeux du cirque, des démonstrations d'animaux. L'hippodrome communiquait directement avec le palais impérial par la loge impériale, d'où l'empereur assistait aux spectacles entouré par les sénateurs et les dignitaires de sa cour. La spina était ornée de monuments décoratifs, parmi lesquels la colonne serpentine de bronze enlevée au sanctuaire de Delphes et l’obélisque de Théodose (obélisque de Thoutmosis III, provenant de Karnak). On pouvait aussi voir, couronnant peut-être la loge impériale, quatre chevaux de bronze, qui furent enlevés lors du sac de la ville en 1204, et placés sur la basilique Saint-Marc à Venise. Il fut le théâtre d'un des épisodes les plus sanglants de l'histoire de la ville : en janvier 532, la sédition Nika ébranle le trône de Justinien. Bélisaire, son meilleur général, réprime la révolte en massacrant 30 000 personnes dans l'hippodrome.

Constantinople : Histoire de la ville


De la fondation à l'époque justinienne

Constantinople est bâtie sur un site naturel défensif qui la rend pratiquement inexpugnable alors que Rome, plus vulnérable, est sans cesse sous la menace des barbares Germains. Constantinople est également proche des frontières du Danube et de l'Euphrate, là où les opérations militaires pour contenir les Perses et les Goths sont les plus importantes. Enfin, elle est située au cœur des terres de vieille civilisation hellénique.

Entre le 8 et le 13 novembre 324, Constantin consacre le plan de la nouvelle ville, en traçant un nouveau périmètre qui lui donne une superficie trois à quatre fois supérieure à celle de l'ancienne Byzance. Les travaux commencent aussitôt et, le 11 mai 330, la nouvelle capitale,conçue comme une « nouvelle Rome », est inaugurée. Constantin Ier la bâtit sur le modèle de Rome avec sept collines, quatorze régions urbaines, un Capitole, un forum, un Sénat, un champ de courses, des magasins, des aqueducs, des citernes, l'eau courante et le tout-à-l'égout... Dans les premiers temps, il permet l'implantation de temples païens mais très vite la ville devient presque exclusivement chrétienne et ne comporte que des édifices religieux chrétiens.

En quelques décennies, Constantinople devient une des plus grandes métropoles de l'Orient romain, grâce à son rôle politique et à ses activités économiques et aux incitations financières impériales. En 332, Constantin assure le ravitaillement gratuit en blé du peuple de la nouvelle capitale. En 334 les architectes et les artisans du bâtiment de la cité sont exemptés de certaines charges, ceux qui font construire des maisons ont droit à des pains gratuits. Les grands propriétaires fonciers d'Asie Mineure ont l'obligation d'édifier une maison dans la ville. À la mort de Constantin Ier, certains contemporains pensent que la ville est un caprice de son fondateur et qu'elle ne jouera plus aucun rôle après le décès de l'empereur.

Dès Constantin Ier, la ville compte 100 000 habitants et s’étend sur plus de 7 km². Elle atteint 200 000 habitants à la fin du IVe siècle. Constantinople, située hors des zones de conflit, voit sa population augmenter. Le nombre de ses habitants est discuté: 800 000 habitants au cours du Ve siècle pour Bertrand Lançon, 4 à 500 000 pour A. Ducellier, M. Kaplan et B. Martin. L'embellissement de la ville est le principal chantier des empereurs à partir de Constantin Ier. Celui-ci y fait construire, le palais impérial, l'hippodrome, le nouveau nom donné aux cirques romains, l'église de la Sagesse Sacrée (Sainte-Sophie). La ville s'agrandit ensuite vers l'ouest. L'enceinte d'origine enserrant 700 hectares ne suffisant plus, Théodose II l'entoure de nouveaux remparts entre 412 et 414, qui portent la superficie de la ville à 1 450 hectares. Le concile de Chalcédoine de 451, dans son vingt-huitième canon, donne à la ville de Constantinople le titre de « Nouvelle Rome », ce qui fait de son évêque, le patriarche de Constantinople, le second personnage de l'Église. Cela contribue encore à donner à la ville son caractère indépendant de capitale de l'Empire d'Orient.

Pendant la période byzantine

En 673, la flotte du calife de Damas assiège la ville mais doit se replier devant la résistance byzantine. La flotte byzantine, très organisée et héritière des tactiques navales antiques, était fort renommée à cette époque : les Byzantins sont considérés comme les inventeurs du gouvernail d'étambot (transmis en occident par les Varègues via la mer Baltique) et du feu grégeois (mélange de poix et de poudre inflammable que l'on projetait sur les navires ennemis).

Constantinople et son Empire eurent cinq siècles de prospérité grâce au commerce Europe-Asie (c'était le terminus occidental de la Route de la soie et résistèrent à moultes invasions (Avars, Slaves, Arabes, Vikings, etc.) jusqu'en 1204, lorsque la Quatrième croisade fut détournée par les Vénitiens vers Constantinople, prise par traîtrise. Il y eut à cette occasion le fameux sac de Constantinople. Le « début de la fin » pour la civilisation gréco-romaine et chrétienne orthodoxe de l'Empire, vint donc non des musulmans, mais des occidentaux. La ville et l'Empire perdirent définitivement leurs ressources commerciales au profit des Vénitiens et des Génois, et l'Empire se scinda en trois états: le Despotat d'Epire, l'Empire de Nicée et l'Empire de Trébizonde.

Constantinople devint la capitale de l'empire latin de Constantinople fondé par les Croisés, jusqu'en 1261, quand les forces de l'empire de Nicée conduites par Michel VIII Paléologue reprirent la ville. Mais la ville, vidée de toutes ses richesses, de ses habitants et aux trois quarts en ruine, peine à se reconstruire. Les Empereurs sont de plus en plus endettés vis-à-vis des Génois et des Vénitiens auxquels ils concèdent des privilèges énormes. En 1355 les Turcs ottomans, qui se sont déjà emparés de la totalité de l'Asie Mineure, passent en Europe et s'emparent en quarante ans de la péninsule des Balkans : Constantinople est encerclée et l'Empire se réduit à sa capitale, à Trébizonde, à Mistra et à quelques îles de la mer Égée.

Le 29 mai 1453, Constantinople est prise par les forces ottomanes conduites par Mehmet II. Le dernier empereur romain Constantin XI Paléologue meurt sur les remparts en défendant sa ville.
La chute de Constantinople met fin à un empire qui avait duré 1000 ans, qui avait vu Rome s'effondrer et, ce qui est très rarement arrivé dans l'histoire, qui avait survécu à deux ères (Antiquité et Moyen Âge). Sa chute marquait pour l'Orient la fin de la civilisation que Hieronymus Wolf surnomma cent ans plus tard byzantine, mais pour l'Occident, qui hérita via l'Italie de cette civilisation, ce fut l'avènement d'une Renaissance.

La capitale de l'empire ottoman

Les Ottomans la repeuplent de Turcs. Les Roumis (forme turque du mot Romées par lequel les byzantins se désignaient eux-mêmes), sont regroupés au sein du "Milliyet de Rum" (communauté des chrétiens orthodoxes, sous l'obédience du patriarche orthodoxe) dans la quartier nord (le Phanar, d'où leur surnom de Phanariotes). Les sultans à leur tour embellissent et développent la ville: ils restaurent les citernes et les bains (des thermes gréco-romains que nous appelons depuis lors bains turcs). La ville redevient une des métropoles du monde, avec un niveau de vie et d'hygiène supérieur à la moyenne européenne.

Lors de la fondation de la République de Turquie, en 1923, la capitale fut transférée à Ankara. Mais Constantinople (renommée en 1928 en Istanbul) continua à grandir, un pont colossal fut construit par-dessus le Bosphore, puis un second, et c'est à présent une métropole comparable à New-York, avec les mêmes problèmes de surpopulation, de prix, de transport et de pollution. Sur près de 10 millions d'habitants pour l'ensemble de l'agglomération, désormais à cheval sur l'Europe et l'Asie, il reste moins de 3000 Roumis d'origine, dont le patriarche de Constantinople, dernier souvenir de l'Empire.

Changement de nom

Nommée Byzance durant l'antiquité, elle prit le nom de Constantinople lorsqu'elle devient la seconde capitale de l'empire romain sous Constantin (330). Jusqu'en 1930, l'agglomération s'appelait officiellement « Constantinople », et « Stamboul » ne désignait que la Vieille Ville (la péninsule historique). Ce nom fut étendu à toute la ville sous la forme moderne d'« Istanbul » à la suite de la réforme de la langue et de l'écriture turque par Atatürk en 1928 (la Révolution des signes). Le terme de Sublime Porte faisait référence à la porte du grand vizir du palais de Topkapi et était employé comme synonyme du gouvernement ottoman.

Constantinople :


Constantinople (latin : Constantinopolis , grec : Κωνσταντινούπολις / Konstantinoupolis, arménien : Կոստանդնուպոլիս) est l'appellation ancienne et historique de l'actuelle ville d'Istanbul en Turquie (du 11 mai 330 à 1930). Son nom original, Byzance (en grec : Byzantion, venant soit du terme grec buzō signifiant « resserré » en référence au Bosphore, soit du mot thrace désignant le « rivage »), reste largement utilisé en histoire.

Les habitants de Byzance sont les Byzantins et ceux de Constantinople les Constantinopolitains (en latin Constantinopolitanibus qui veut dire « aux habitants de Constantinople » est l'un des mots les plus longs de cette langue). Constantinople est la francisation de Konstantinoupolis, qui, en grec, signifie la ville de Constantin. Ce nom lui a été donné en hommage à l'empereur romain Constantin Ier, qui choisit d'en faire la capitale de l'Empire à partir du 11 mai 330 sous le nom de « Nouvelle Rome ». La Souda donne pour l'entrée « Constantinople » (Κ, 2287) :

Fondée par l'empereur Constantin en 330, Constantinople est la capitale de l'empire romain d'Orient que les historiens appelleront plus tard Empire byzantin. Elle est la résidence de l'empereur et le siège du gouvernement.

« Constantinople surpasse autant toutes les autres villes que Rome la surpasse ; et la seconde place derrière Rome m'apparaît bien plus appréciable que d'être nommée première de toutes les autres. Trois cent soixante années ont passé pour l'ancienne Rome depuis le règne d'Auguste Caesar, et la fin de ses jours était déjà en vue quand Constantin Ier le fils de Constant s'est emparé du sceptre et fonda la nouvelle Rome. »

En 1930, Constantinople fut renommée Istanbul.

Histoire de Byzance : Acceptions populaires


Le terme « Byzance » ou « byzantin » est passé dans la culture populaire moderne. Ainsi l’expression « c’est Byzance ! » fait référence à la richesse de l’Empire et donne une idée d'abondance et d'opulence, voire de luxe. On parle aussi de « complexité byzantine » pour désigner un discours ou une pensée très alambiqués ou embrouillés, en référence aux institutions de l'Empire byzantin qui empilaient les réformes et les lois que seule une bureaucratie pléthorique pouvait débrouiller. Cette expression est à comparer avec celle de « querelle byzantine ».

Histoire de Byzance : Constantinople après Byzance


C'est depuis Hieronymus Wolf (1557) que l'on parle d'« histoire de l'Empire byzantin » et de « Byzantins » pour désigner l'Empire romain d'Orient et ses habitants après 330. Jamais les intéressés n'auraient songé à s'appeler ainsi eux-mêmes. C'est une invention de l'historiographie humaniste occidentale, engagée dans la réhabilitation des valeurs philosophiques de l'Antiquité, et qui, ne pouvant s'en prendre directement au dogmatisme de l'Église catholique, s'en prit au « césaro-papisme » de Byzance. Cette terminologie ne s'est imposée qu'au XVIIe siècle. Montesquieu, par exemple, l'employait. Malheureusement, ce combat eut un effet pervers en donnant de Byzance la vision d'un Empire figé dans son dogmatisme, intolérant et corrompu, tandis que son héritage scientifique, philosophique et littéraire est intégralement attribué aux Arabes, comme si l'intermédiaire byzantin n'avait jamais existé.

Quelles que fussent leurs langues maternelles, les « Byzantins » se sont désignés par le terme « Romaioi » (Ρωμαίοι), c'est-à-dire « Romains », car à leurs yeux l'Empire romain avait perdu l'Occident, mais continuait en Orient. On retrouve le terme chez les Musulmans, qui parlent de « Roumi » et désigne le « Sultanat de Roum » (ou Rûm), état que les turcs Seldjoukides ont constitué sur des territoires gagnés sur les Byzantins, un "sultanat des romains" en quelque sorte.

Quant à la capitale de l'empire, elle s'appelait officiellement Constantinople (en Grec Konstantinoupolis, c'est-à-dire : « la ville (polis) de Constantin »), mais ses habitants disaient simplement « polis » (= la ville), d'où vient le nom turc « Istanbul », qui serait une déformation du terme « eis tên polin » (= à la ville). Les slaves, qui admiraient la cité, l'appelaient Tsarigrad « la ville (grad) de César (tsar) » ("César" étant l'un des titres honorifiques porté par les empereurs romains de l'an -27 à l'an 98).

Histoire de Byzance : Période romaine


Comme toute la Grèce, Byzance subit la tutelle de Rome. La cité connaît alors un certain déclin, même si le thème de la pauvreté des cités grecques d'Asie est un lieu commun concernant cette époque. La période antonine constitue un apogée économique, bien que la cité ne renoue pas avec sa splendeur passée. La correspondance de Trajan avec Pline le Jeune semble décrire une cité développée, cosmopolite, par la masse des voyageurs qui se pressent dans les ports et sur les marchés. L'absence d'un grand nombre de cités importantes en Thrace justifie probablement la politique des empereurs du IIe s. qui vise à urbaniser l'intérieur de cette province considérée comme très vaste et surtout sauvage. Vieille fondation grecque, Byzance apparaît alors comme un des pôles d'hellénisme local (avec Périnthe, notamment). Les empereurs semblent veiller à la prospérité de ces cités littorales au IIe siècle.

Tout bascule à l'issue de la guerre civile qui suit l'assassinat de Commode fin 192. À cette époque, les Byzantins ayant probablement pris le parti de soutenir Pescennius Niger contre Septime Sévère, ce dernier vient les assiéger. Après un siège de trois ans, mémorable par l’habileté et l’opiniâtreté de l’attaque, et surtout de la défense, les Byzantins se rendent. Le vainqueur, irrité, fait massacrer la garnison et les magistrats, démantèle la cité, la dépouille de tous ses privilèges et la laisse à l’état de simple bourgade, la soumettant, avec tous ses territoires, à la cité voisine et rivale de Périnthe, sa métropole jusqu’à Constantin.

Sévère laissa Byzance dans un tel état de ruine et de désolation, que selon Dion Cassius, historien contemporain qui la visita à cette époque, on aurait pu penser qu’elle avait été prise non par les Romains, mais par les barbares. Cependant, peu de temps après, l’empereur, sur la demande de son fils Caracalla, adoucit la punition de Byzance : il en fit rebâtir une grande partie, l’embellit même de nouveaux monuments et la renomma Antoninia, du surnom d’Antoninus pris par Caracalla. Le nouveau nom n'eut guère de succès et à peine Caracalla était-il mort que la cité reprit son nom originel.

Le IIIe siècle est une période peu documentée de l'histoire de la cité, même si les sources habituelles telles que Dion Cassius, Hérodien et l'Histoire Auguste y font parfois référence. La cité se trouve souvent sur le chemin des diverses expéditions contre les Parthes, puis contre leurs successeurs, les Perses, menées par les empereurs. Elle conserve son privilège de frappe monétaire jusqu'au règne de Gallien qui le lui ôte ainsi qu'à nombre d'autres cités. Ce privilège longtemps conservé vaut témoignage d'une certaine importance de la cité. Le rôle de la cité s'entoure de mystère durant l'épisode des raids gothiques (dès 238). Dépouillée de ses célèbres remparts depuis 196, Byzance semble sans défense contre les expéditions des barbares venus par la Thrace et par le Bosphore. Pourtant, elle est peu ou pas touchée par ces razzias, à l'inverse de beaucoup de cités de la Propontide. (De ce fait, il n'est pas exclu que la cité conclut quelque arrangement avec les envahisseurs.) Enjeu de pouvoir dans les luttes entre tétrarques, Byzance prend successivement le parti de Maximin Daia et celui de Licinius jusqu’à ce que Constantin reste unique empereur, en 324. Dès lors, Byzance ne s'appartient plus, elle est acquise au projet de recentrage géographique de l'Empire concrétisé par Constantin. Entre 324 et 330, celui-ci donne carte blanche à ses équipes d'architectes et de décorateurs pour embellir la vieille cité grecque et lui donner rang de résidence impériale. C'est ainsi que la cité en chantier s'orne de nombre d’œuvres d'art sélectionnées et acheminées de toutes les provinces de l'Empire. Le 11 mai 330, la cérémonie de dédicace entérine la création de la ville de Constantin : Constantinopolis/Constantinople.

Histoire de Byzance : Périodes archaïque, classique et hellénistique


Byzance contrôlait le commerce de la mer Noire. Selon Polybe, la Grèce en retirait du cuir, des esclaves, du miel, de la cire et des salaisons, et lui donnait en échange de l’huile et du vin. Malgré cette prospérité, il fait un triste tableau des extrémités auxquelles la ville était souvent réduite. Entourée de peuplades ennemies de la Thrace, elle était sans cesse exposée à leurs incursions, et voyait son territoire ravagé et les produits de son sol détruits ou pillés par les barbares dont la tribu des Astes, basés à Bizyè. Quoique située au milieu des barbares, Byzance était considérée comme grecque, d’après son origine et ses mœurs. C’était une des cités helléniques de l’Hellespont. Son heureuse situation à l’entrée du Bosphore, dont elle était la clé, lui conférait le rôle d’entrepôt du monde grec car elle était une étape incontournable pour les navires chargés du blé du Pont-Euxin. Sa fonction de verrou de la région du Bosphore - et par extension de la route du blé pontique- explique qu'Athènes et Sparte se soient disputé son alliance, et que les princes qui voulurent abattre ces puissances et exercer une influence sur la Grèce aient cherché à s’assurer sa possession. Byzance, dont l’histoire particulière est aussi peu connue que les autres petits États de la Grèce, possédait cependant un grand rôle politique au IVe siècle av. J.-C.

Les Ioniens, vassaux du roi de Perse Darius, prennent la ville en 504. Elle est prise à nouveau par Otane, un des généraux de Darius. Pausanias s’empare de la ville après le siège de Sestos en 478. Une grande chute de poussière noire à Byzance en 472 av. J.-C., peut-être le résultat d’une explosion aérienne à haute altitude, est documentée par Procope, Ammien Marcellin, Théophane, entre autres. Dans la révolte de Samos en 439, Byzance suit le destin de cette ville, qui, révoltée contre les Athéniens, dont elle était tributaire, retombe en leur pouvoir après un siège opiniâtre de neuf mois.

Pendant la guerre du Péloponnèse, Byzance, en proie aux deux factions qui soutenaient les intérêts de Sparte et d’Athènes, est soumise avec les autres villes de l’Hellespont, à l’influence de ces deux puissances tour à tour victorieuses. D’abord, elle est subjuguée par les succès de Sparte, puis prise par Alcibiade en 408. Enfin, après la bataille d’Aigos-Potamos et la prise d’Athènes, qui mirent fin à la guerre du Péloponnèse, elle est forcée par le Spartiate Lysandre de renvoyer la garnison athénienne, et de recevoir, comme toutes les villes de la Grèce, un commandant lacédémonien ou harmoste, investi à la fois de l’autorité civile et militaire.

Cléandre était harmoste à Byzance, lorsque les Dix Mille qui s’étaient engagés au service de Cyrus le Jeune contre son frère Artaxerxès, ayant traversé, après mille dangers, une partie de l’Asie sous la conduite de Xénophon, arrivèrent sur les côtes de la Bithynie en face de Byzance. Anaxibios, commandant de la flotte lacédémonienne, à la sollicitation d’Artaxerxès, avait engagé les Grecs à passer le détroit, leur promettant la paye qui leur était due ainsi que des vivres lorsqu’ils seraient à Byzance ; mais à leur approche, il fit fermer les portes de la ville. Irrités de cette perfidie, les Grecs brisèrent les portes et entrèrent dans la ville : seul Xénophon la sauva du pillage et il résista à ceux qui le pressaient de prendre possession de Byzance et de ses richesses.

Liguée avec Rhodes et Chios, Byzance s’était affranchie du joug despotique d’Athènes en 364. Après une période de la guerre sociale, où Charès tente de la faire rentrer dans le rang (357), Athènes est forcée de reconnaître son indépendance en 355. Peu de temps après éclate la troisième Guerre sacrée. Philippe, roi de Macédoine, briguant l'hégémonie sur tous les États de Grèce, essaie de s’emparer de Byzance en 340 ; mais après un long siège, il est forcé par le général athénien Phocion à battre en retraite l’année suivante. C'est durant ce siège qu'une légende place l'intercession d'Hécate, qui agita des torches en pleine nuit et découvrit les troupes de Philippe. Réveillés par les aboiements des chiens de la cité qui réagissaient au prodige, les soldats de Byzance se seraient alors défendus victorieusement contre l'attaque macédonienne. Au cours du règne (336-323 av. J.-C.) d'Alexandre le Grand, fils de Philippe, Byzance fut contrainte de reconnaître la suzeraineté macédonienne, mais elle reprit son indépendance sous les successeurs d’Alexandre.

En 279, une expédition gauloise, ayant pénétré jusqu’en Thrace sous la conduite de Comontorius, vint s’établir dans les environs de Byzance et réduit ses habitants aux dernières extrémités. Pour racheter leurs terres des ravages dont les menaçaient les barbares, ils durent leur payer près de dix mille pièces d’or  et un tribut annuel de 80 talents, jusqu’à l’époque où les Gaulois furent exterminés par les Thraces. Pour subvenir à ces charges, les Byzantins avaient imaginé de percevoir un droit sur la navigation du Bosphore, ce qui les mena en -220 à une guerre contre Rhodes consignée par Polybe.

Histoire de Byzance : Fondation de la Cité


Byzance (en grec ancien το Βυζάντιον / to Byzántion, en latin Byzantium) est une ancienne cité grecque, capitale de la Thrace, située à l’entrée du Bosphore sur une partie de l’actuelle Istanbul. La cité sera reconstruite par Constantin et, renommée Constantinople en 330 ap. J.-C., elle deviendra la capitale de l’Empire romain, puis de l’Empire romain d'Orient.

La plupart des sources attribuent la fondation de Byzance à Byzas qui, selon Étienne de Byzance, était fils de Céroessa, elle-même fille de Zeus et d’Io. Il est généralement admis que la cité était une colonie mégarienne mais rien n'indique que le contingent des oikistes (les fondateurs) n'ait pas été composé également de citoyens d'autres cités. Eusèbe de Césarée avance une date précise pour la fondation de la cité : « la troisième année de la trentième olympiade », ce qui donnerait 667 av. J.-C. Diodore, quant à lui, mentionne rapidement la cité alors qu'il narre l'épopée des Argonautes, dans sa Bibliothèque historique (IV, 49, 1) :

« Arrivés au détroit de la mer du Pont, les Argonautes mirent pied à terre dans un pays dont Byzas était alors roi, et qui a laissé son nom à la ville de Byzance. »

Velleius Paterculus (II, 15) attribue la fondation de la ville aux Milésiens et Ammien Marcellin (XXI, 8) aux habitants de l’Attique. Ces deux dernières explications ne sont plus acceptées. L'utilisation du dialecte dorien, la présence de divinités communes ainsi que l'iconographie des types monétaires en usage dans la cité du Bosphore -très semblables à l'iconographie mégarienne- semble devoir attester cette hypothèse.

Le toponyme dériverait du verbe buzō qui signifie : "resserrer", et serait une allusion à la physionomie du Bosphore qui est bien un "passage (poros) resserré (buzō)"[1].
Cependant, l'influence thrace est également probable : le toponyme pourrait dériver de l'onomastique locale ; il signifirait alors rivage, bordure.

Noms de la ville


Diverses hypothèses existent quant à l’origine du mot « Istanbul ».

  • La première en fait une déformation des mots grecs εις τήν Πόλι(ν), Is tím Boli(n), ce qui veut dire « vers la Ville » car Constantinople est l’archétype de la ville, celle dont on ne donne pas le nom, qu'on ne désigne que par ces mots, « La Ville » comme l’ancienne Rome était appelée Urbs. Selon la même hypothèse, Smyrne (en grec Smyrni, en latin Smyrna) serait ainsi devenu İzmir et Nicée (en latin Nicaea) İznik, par l'ajout de la préposition εις « vers » ou de la voyelle d'appui « i » [5].
  • Une autre suggère que le nom proviendrait de la contraction turque du grec Konstántinoupólis (double accent tonique du nom composé), à laquelle aurait été ajoutée la voyelle d'appui i. Mais la chute de toutes ces syllabes non accentuées semble difficile à admettre dans la mesure où la langue turque procède plutôt habituellement par élision : « Selânik » pour Thessaloniki (Thessalonique). Mais dans le language courant en grec on désignait Constantinopolis par polis ou boli, on disait donc "sto boli" (en grec στο πολη) pour "à la Ville". Et les Ottomans on donc reprit ces termes par ignorance ou tout simplement parce que le grec était la langue de l'Empire byzantin.

Le nom islam-bol (« là où l'Islam abonde ») serait une étymologie populaire imaginée après la conquête ottomane pour exprimer le nouveau rôle de la cité en tant que capitale de l'empire ottoman musulman, puis siège du califat mais surtout pour asseoir leur légitimité.

Jusqu'en 1930, l'agglomération d'Istanbul s'appelait officiellement « Constantinople », et « Stamboul » ne désignait que la Vieille Ville (La péninsule historique). Ce nom fut étendu à toute la ville sous la forme moderne d'« İstanbul » à la suite de la réforme de la langue et de l'écriture turque par Atatürk en 1928 (la Révolution des signes).

Les Turcs d'origine arménienne appellent Istanbul Bolis, et les Grecs Polis (« la Ville »). « Politis » est l’homme de Constantinople.

Les peuples slaves sous la domination byzantine puis ottomane l'ont appelée et l'appellent toujours Tzarigrad : « la ville de l'Empereur » (serbe et bulgare : Цариград), qui est un calque de Constantinople (« la ville de l'empereur Constantin Ier »).