C'est depuis Hieronymus Wolf (1557) que l'on parle d'« histoire de l'Empire byzantin » et de « Byzantins » pour désigner l'Empire romain d'Orient et ses habitants après 330. Jamais les intéressés n'auraient songé à s'appeler ainsi eux-mêmes. C'est une invention de l'historiographie humaniste occidentale, engagée dans la réhabilitation des valeurs philosophiques de l'Antiquité, et qui, ne pouvant s'en prendre directement au dogmatisme de l'Église catholique, s'en prit au « césaro-papisme » de Byzance. Cette terminologie ne s'est imposée qu'au XVIIe siècle. Montesquieu, par exemple, l'employait. Malheureusement, ce combat eut un effet pervers en donnant de Byzance la vision d'un Empire figé dans son dogmatisme, intolérant et corrompu, tandis que son héritage scientifique, philosophique et littéraire est intégralement attribué aux Arabes, comme si l'intermédiaire byzantin n'avait jamais existé.
Quelles que fussent leurs langues maternelles, les « Byzantins » se sont désignés par le terme « Romaioi » (Ρωμαίοι), c'est-à-dire « Romains », car à leurs yeux l'Empire romain avait perdu l'Occident, mais continuait en Orient. On retrouve le terme chez les Musulmans, qui parlent de « Roumi » et désigne le « Sultanat de Roum » (ou Rûm), état que les turcs Seldjoukides ont constitué sur des territoires gagnés sur les Byzantins, un "sultanat des romains" en quelque sorte.
Quant à la capitale de l'empire, elle s'appelait officiellement Constantinople (en Grec Konstantinoupolis, c'est-à-dire : « la ville (polis) de Constantin »), mais ses habitants disaient simplement « polis » (= la ville), d'où vient le nom turc « Istanbul », qui serait une déformation du terme « eis tên polin » (= à la ville). Les slaves, qui admiraient la cité, l'appelaient Tsarigrad « la ville (grad) de César (tsar) » ("César" étant l'un des titres honorifiques porté par les empereurs romains de l'an -27 à l'an 98).
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