Bienvenue sur les 7 collines d'Istanbul !

Istanbul, ville aux mille et une nuits. Dans ce blog vous aller découvrir toutes les facettes de la merveilleuse ville d'Istanbul. Nous vous souhaitons une très très bonne visite !


dimanche 30 mai 2010

La Chute de Constantinople : Déroulement de la bataille

L'assaut ottoman


Une section reconstituée du mur de Théodose.

Le lendemain, l’armée turque commence le pilonnage du mur de Théodose. Un des canons détruit une tour à proximité de la porte Saint-Romain. Il deviendra célèbre car en explosant quelques jours plus tard, il provoquera la mort de son constructeur. Le feu de l'artillerie dure plusieurs jours jusqu'à l'assaut final.


Manuscrit français dépeignant le siège.

Dans le même temps, les Turcs cherchent à combler le fossé devant la ville avec tous les moyens disponibles. De leur côté, les assiégés essayent tant bien que mal de réparer les murs, tandis que les Turcs tentent de les détruire avec des mines auxquels répondent des contre-mines génoises qui pulvérisent du feu grégeois sur les Turcs. Puis le 18 avril, Mehmet II ordonne un assaut des fantassins de nuit qui sont repoussés une nouvelle fois grâce au feu grégeois.

Les combats se déroulent aussi sur l’eau, dès le début du siège les Turcs avaient pris le contrôle des postes avancés de Constantinople. Le 19 avril, la flotte turque tente l'attaque de la chaîne qui barre la Corne d'Or mais elle est repoussée par le mégaduc Lucas Notaras.


Tableau de 1499 dépeignant le siège de Constantinople.

Le soir du 20 avril, une flotte de trois navires envoyés par le pape Nicolas V avec vivres et munitions parvient à forcer le blocus maritime malgré l'intervention de Mehmet II qui ordonna à son amiral de les détruire. Devant l'échec de cette action Baltoglou est roué de coup par le sultan. Cette aide providentielle leur sera très utile, mais insuffisante. Les tergiversations de Venise à envoyer 15 bateaux en renfort font que ces bateaux partent trop tard et arrivent à un moment assez avancé du siège ; Constantinople ne peut donc pas bénéficier de cette aide.

Le 22 au matin, une flotte d'une vingtaine de navires turcs mouille dans la Corne d'Or. Les Constantinopolitains sont consternés car le passage vers ce havre naturel, situé à l'est de la ville, est commandé par une lourde chaîne dont les Byzantins ont encore le contrôle. Mehmet II, se rappelant une ancienne stratégie russe du Xe siècle, a fait hisser les navires sur terre par des centaines de bœufs durant la nuit de la rive de Top Hané jusqu'à Péra, sur environ 1300 mètres. Pour les assiégés l'effet sur le moral est terrible, en effet le mur maritime n'est que très peu protégé (1 homme pour 2 ou 3 créneaux) et les défenseurs sont obligés d'amener des hommes d'autres secteurs ce qui bien sûr les dégarnit.

Mais les navires envoyés par le sultan n'ont pas l'effet escompté ; en effet, ils sont en quelque sorte prisonniers dans la Corne d'Or et n'ont aucune liberté d'action. Quelques navires vénitiens venant de Trébizonde et dirigés par Jacopo Cocco tentent d'aller incendier ces navires. L'opération aurait pu réussir si les Génois de Galata n'avaient pas transmis l'information au sultan qui s'empresse de détruire les navires incendiaires.

Peu à peu les défenseurs faiblissent et Génois et Vénitiens se querellent. Le 23 avril, Constantin XI tente d'offrir la paix moyennant le paiement d'un tribut mais Mehmet II répond : « Je prendrai la ville, ou elle me prendra mort ou vif ». Le sultan impatient lance plusieurs attaques à travers les brèches de la muraille, notamment entre la Porte de Caligaria et la Porte d'Andrinople les 7 et 12 mai, mais l'infanterie turque est repoussée héroïquement par les défenseurs conduits par Constantin XI lui-même.

Le 16 mai, la marine turque tente une nouvelle fois l'attaque de la chaîne mais elle est repoussée par Trévisano ; au même moment le sultan envoie une partie de sa flotte miner la porte de Caligaria, mais Notaras les en empêche. Deux jours après, l'attaque est lancée au moyen d'une tour roulante (hélépole) qui est avancée au-devant des murailles mais l'engin est incendié après 24 heures de combat avant que les Turcs ne prennent pieds sur les murs. De nouveau, le 21, une attaque est menée au-devant de la chaîne mais elle résiste.

L'assaut final


Constantin XI.

Après 40 jours de combats intenses, trois brèches ont été réalisées : une entre Tekfour-Seraï et la porte d'Andrinople à la porte Caligaria, une autre brèche du côté de la porte Saint-Romain et la dernière à la porte de Selymbria. Le travail des défenseurs est de combler ces brèches avec tous les moyens disponibles. Mais la longueur du siège n'est pas pour plaire au sultan d'autant plus que le moral de ses troupes a baissé notamment à cause d'une rumeur de gigantesque croisade en Occident. Mehmet II tente de se faire livrer la ville par capitulation, offrant au basileus la Morée et en cas de refus le massacre des Constantinopolitains, mais Constantin XI répond que lui et ses hommes préfèrent mourir plutôt que de livrer la ville. Néanmoins les assiégés sont dans une situation catastrophique, pendant que les Turcs reçoivent des renforts, les Grecs désespèrent et les relations entre les défenseurs sont mauvaises : Constantin XI a par exemple beaucoup de mal à réconcilier Notaras et Giustiniani dont les relations se sont envenimées. Le 3 mai, un bateau est envoyé dans la mer Égée pour avoir des nouvelles de la flotte vénitienne, mais revient le 23 mai sans aucune nouvelle des Vénitiens. Les défenseurs comprennent donc qu'ils n'ont plus aucune chance de secours et qu'ils doivent s'apprêter au dernier sacrifice.

L'assaut final est lancé dans la nuit du lundi 28 au mardi 29 mai 1453, à une heure trente du matin environ. Il porte sur les trois côtés du triangle que forme la ville, mais ne fut vraiment intense qu'en face des murs terrestres entre Tekfour Sérai et la porte Saint-Romain. La première vague d'assaut, composée d'irréguliers, de bachibouzouks, la plupart chrétiens, s'avance lentement portant des échelles, et essaye de franchir le fossé : accablée de projectiles, elle recule après deux heures de combat. La deuxième vague lui succède ; elle consiste en contingents d'Anatolie, disciplinés et bien armés ; ils attaquent la brèche et commencent l'escalade mais sont repoussés à leur tour. C'est en vain qu'on les ramène au combat après que le gros canon eut tiré contre la brèche. Alors Mehmet II exaspéré fait donner sa réserve. Le jour se lève, les défenseurs sont épuisés quand les janissaires, en poussant des cris terribles s'élancent contre la brèche, tandis que les cloches et les simandres retentissent dans toute la ville, et que l'attaque se concentre autour de la porte Saint Romain.

C'est à ce moment que Giustiniani reçoit une blessure au sternum et se retire du combat, toujours plus furieux après son départ. En effet, paniqués par le départ du meilleur capitaine au service de la cité, la majorité des Italiens présents prennent la fuite et s'engouffrent dans la porte que l'empereur a ouverte pour Giustiniani. Les assiégés restants se résignent à se replier derrière le mur intérieur, globalement en bon état, lorsqu'ils voient tout à coup l'étendard du sultan flotter dans la ville. Les Turcs ont pu y pénétrer par la Cercoporta, une poterne située non loin de la porte d'Andrinople, à l'endroit où le mur théodosien se soude à l'enceinte d'Héraclius. Les défenseurs de la porte Saint Romain pensent que la ville est investie, et ils refluent en masse, cherchant à sauver leurs familles, et sont littéralement submergés par le flot des Turcs qui leur emboîtent le pas à la porte Saint-Romain. C'est alors que Constantin XI, sur l'exemple de son cousin Théophile Paléologues, suivi de deux fidèles (un soldat du nom de Jean Dalmata et Don Francesco de Tolède, revendiquant une ascendance Comnène), s'élance dans la mêlée et est tué[3].

Quelques citoyens, vénitiens et génois surtout, parviennent à s'échapper dans des navires bondés de rescapés. Du basileus Constantin XI Paléologue, on ne retrouve que les insignes impériaux et un corps que plusieurs soldats, y compris turcs, reconnaissent être celui de l'empereur. La légende entretient ainsi l'image d'un souverain ayant combattu jusqu’aux dernières heures de Byzance, et mort l'épée à la main.

Capture de la ville


Hagia Sophia, ou Sainte Sophie.

Cependant, les troupes ottomanes envahissent Constantinople. Puisque ses occupants ne s'étaient pas rendus, conformément à la tradition islamique en vigueur depuis le calife Omar et comme promis par le sultan à ses soldats, la ville est mise en sac durant trois jours. Les douze premières heures sont terribles : les Ottomans massacrent tous ceux qu'ils trouvent dans les quartiers à proximité des remparts. Les janissaires, corps d'élite plus clairvoyant, se ruent en premier sur la richissime cathédrale Sainte Sophie et y trouvent une foule de réfugiés, toutes couches sociales confondues, qui sont immédiatement réduits en esclavage ou massacrés. Le reste de la ville subit le même sort, une fois la fureur des premières heures passée. Au matin du troisième jour, le sultan pénètre dans Sainte Sophie, l'imam monte dans la chaire du patriarche, déclare qu'il n'y a de plus grand dieu que Dieu, puis la fin du sac est décrétée

Sur le marché aux esclaves, la plupart des grands aristocrates byzantins sont reconnus et rachetés par le sultan. Il donne aux dames nobles de quoi commencer une nouvelle vie. Le sultan envoie en cadeaux 500 enfants de Constantinople aux rois de Grenade et de Tunis et au calife d'Égypte. Peu après, au fur et à mesure que la nouvelle de la prise de la ville se répand, une série d'ambassades des quatre coins de la Méditerranée se présente pour s'assurer du retour à la paix du sultan. Concernant les vaincus, le sultan leur accorde un statut comparable aux autres minorités ethniques, à savoir la liberté de culte, sauf l'interdiction de sonner les cloches, et une relative autonomie administrative, contre paiement d'un impôt spécial, la capitation.

Bilan


Mehmet II, dit le « Conquérant » à la suite de sa victoire.

La chute de Constantinople en 1453 est un moment clé de l'histoire. Cette date est même considérée pour certains comme marquant la fin du Moyen Âge (au lieu de 1492). En effet, la disparition de l'empire byzantin marque le début d'une nouvelle ère. Malgré le désintérêt de l'Occident pour l'État de Constantinople, sa chute le déstabilise. L'empire byzantin avait depuis sa création été un rempart aux invasions arabes, protégeant ainsi la plus grande part de l'Europe chrétienne. Cet empire était continuellement sur la défensive ; il a résisté pendant plus de dix siècles à l'assaut de multiples peuples et sa capitale eut à subir près de trente sièges. Constantinople avait pendant des siècles été une des villes les plus riches et la plus peuplée au monde. L'empire byzantin avait perpétué l'héritage gréco-romain occidental, qui en Europe avait périclité depuis les invasions barbares et n'y subsistait plus que dans quelques monastères. La capitale de cet empire était par ailleurs située à une position stratégique de première importance entre l'Orient et l'Occident, l'Asie et l'Europe. Beaucoup de routes de commerce y convergeaient

L'empire avait été affaibli par les guerres et la prise de Constantinople par les Latins ; les croisés ne purent pour autant s'installer durablement en Orient. L'empire s'était relevé sous l'impulsion des Comnène et des Paléologue, mais Gênes et Venise, s'attribuant quelques points stratégiques de l'Empire, lui ravirent une part de sa richesse résiduelle. Les Génois de Galata, par exemple, attirant les bateaux du monde entier, leur ont fait déserter le port de Constantinople. Les guerres entre les deux puissances maritimes avaient asséché le trésor de l'Empire. Les Turcs ne firent plus que sa conquête territoriale, parachevant son déclin commercial.

La chute de Constantinople correspond cependant à un réveil de la culture grecque en Occident : tous les savants grecs après la chute du dernier État grec qu'était Trébizonde se réfugient en Italie où ils apportent le reste de leur bibliothèque et leur savoir. Ce mouvement conduit à la Renaissance, qui parachève la redécouverte d'Aristote par les érudits du Moyen-Âge, dont Roger Bacon, Albert le Grand et Thomas d'Aquin au cours des deux siècles précédents.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire